Weekly Insight #19 – La difficile coopération internationale dans la lutte contre la pandémie

La progression des campagnes de vaccination dans le monde a révélé les inégalités criantes dans l’accès aux vaccins. Malgré les efforts de coopération internationale, les pays à revenus faibles n’auront vacciné que 10% de leur population d’ici fin 2021. A l’inverse, les pays du G7 anticipent un taux de vaccination proche de 70% à cette date. Dans leur intérêt, les pays riches doivent faire preuve « d’altruisme intéressé » vis-à-vis du reste du monde pour rendre la reprise plus inclusive.

  • Le programme Accélérateur Covid-19 Tools de l’OMS souffre encore d’un déficit de financement de $19 milliards sur les $38 milliards prévus en 2021. Cela risque de fortement compromettre la réalisation de ses objectifs.
  • Si rien n’est fait, l’iniquité d’accès aux vaccins pourrait couter jusqu’à $19 milliards à l’économie mondiale.
  • Au-delà des questions sanitaires, les pays riches devront faire preuve de solidarité financière avec les pays à revenus faibles et intermédiaires, dont les finances publiques ont été très affectées par la crise.
  • Le Global Health Summit constitue une opportunité inédite pour les pays riches de s’engager pleinement en faveur de l’équité vaccinale.

Weekly Insight #18 – Les nouvelles tendances de la finance mondiale

Depuis le début de la pandémie, les marchés financiers subissent des comportements spéculatifs d’une rare intensité. Ces phénomènes ont contribué à révéler certaines tendances de fonds, exacerbées par la crise actuelle. Ces nouvelles tendances, ce sont notamment la place grandissante prise par les investisseurs de détails.

  • L’intérêt pour les échanges de penny stocks (valeurs inférieures à $5) rendent leurs cours très volatils. Ces titres sont échangés sur des marchés de gré à gré (over-the-counter). Ils échappent donc à toute régulation.
  • La coordination en ligne des stratégies d’investissement par des particuliers a montré toute son importance dans l’affaire GameStop, en introduisant une nouvelle variable non prise en compte par les modèles de gestion des risques financiers traditionnels.
  • Le succès démesuré des Special Purpose Acquisition Companies (SPAC) a poussé les régulateurs à se prononcer sur le sujet, encourageant les investisseurs à la prudence.

Weekly Insight #17 – L’American Jobs Plan, un plan massif d’infrastructures de 2,3 trillions

Le 31 mars, J. Biden a dévoilé l’American Jobs Plan : un plan d’infrastructure massif de 2,3 trillions de dollars. Il vise à améliorer la productivité de l’économie américaine, accélérer la création d’emplois et soutenir la transition écologique, par une approche qualifiable de néo-Rooseveltienne. Un plan d’une telle ampleur n’a en effet pas été vu depuis le New Deal de 1933.

La priorité du plan est de rénover les infrastructures du pays. Plus de 620 milliards de dollars seront consacrés à l’amélioration des réseaux de transport, notamment les routes, les chemins de fer et les ponts.

  • J. Biden consacrera 80 milliards de dollars à l’amélioration du réseau ferroviaire national pour le transport de passagers et de marchandises, qui a toujours été très vétuste.
  • Amtrak, la National Railroad Passenger Corporation, a simultanément dévoilé un plan ambitieux visant à développer le système ferroviaire américain d’ici 2035, avec une modernisation complète du corridor nord-est ainsi que l’ouverture de plus de 20 nouvelles lignes et 20 millions de clients supplémentaires par an.
  • L’objectif principal de J. Biden est de développer une véritable alternative au transport aérien, le transport étant la principale source d’émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis. Il devrait également permettre de lutter contre les problèmes de circulation et favoriser la mobilité des travailleurs.
  • Alors que l’industrie ferroviaire mondiale a subi très peu de transformations majeures au cours des dernières décennies, ce changement de paradigme aux États-Unis pourrait favoriser l’émergence de solutions ferroviaires innovantes à grande échelle. À l’inverse, il semble de plus en plus improbable que l’industrie aérospatiale revienne à la normale.

Si l’on peut s’attendre à des effets positifs sur la croissance à long terme de l’économie américaine, J. Biden devra tirer les leçons de la fin du New Deal, lorsque le resserrement brutal des finances publiques et l’excès de réglementation ont totalement annulé les avantages du plan et conduit à la récession de 1937-38.

Pour financer son plan, le président américain veut faire passer le taux d’imposition des sociétés de 21 % à 28 %, ce qui constituerait la première augmentation importante de l’impôt fédéral depuis 1993.

  • Cette mesure marque une rupture avec la tendance mondiale, puisque le taux moyen d’imposition des sociétés dans les pays de l’OCDE a baissé d’environ 10 points au cours des deux dernières décennies. Les Républicains et de nombreux groupes d’entreprises ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à la compétitivité des multinationales américaines.
  • Même certains démocrates exhortent M. Biden à explorer d’autres alternatives, telles qu’une augmentation des taxes sur l’essence ou un nouveau financement par emprunt. Pourtant, la marge de manœuvre sur les marchés de la dette n’est pas infinie pour les États-Unis. Le jour de l’annonce de J. Biden, le rendement du Trésor américain à 10 ans a légèrement augmenté pour atteindre son plus haut niveau depuis 14 mois, en partie à cause des craintes inflationnistes.

Pour protéger l’économie américaine d’une concurrence fiscale, la secrétaire au Trésor J. Yellen appelle à un projet très ambitieux d’harmonisation fiscale mondiale.

  • Alors que les États-Unis font déjà pression pour obtenir des accords multilatéraux sur la fiscalité numérique à l’OCDE, J. Yellen veut aller encore plus loin en mettant en place un impôt minimum mondial sur les sociétés, au moins au sein des pays du G20.
  • Une telle mesure permettrait de réduire l’impact de l’augmentation de l’impôt sur les sociétés sur la compétitivité des entreprises américaines. Si les Etats-Unis ont un intérêt personnel fort à voir ce projet aboutir, il semble difficile d’envisager un accord mondial ambitieux à court terme.

J. Biden envoie avec ce plan un message fort et entend réaffirmer son leadership économique et réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, notamment sur les chaînes de valeur stratégiques.

L’Union Européenne se retrouve quant à elle contrainte d’envisager de nouvelles mesures afin que le fossé économique avec les États-Unis ne se creuse pas davantage.

Weekly Insight #16 – Les effets de la pandémie sur les Objectifs de Développement Durable

La réalisation des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) a pris un retard considérable avec la crise sanitaire et ses effets et conséquences socioéconomiques, poussant près de 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2020. L’ONU a appelé à une mobilisation humanitaire record de $35 milliards pour venir en aide aux plus vulnérables en 2021.

  • Alors que les ODD visaient à éradiquer l’extrême pauvreté d’ici 2030, les conséquences de la pandémie pourraient pousser le nombre de personnes vivant sous ce seuil à plus d’1 milliard en 2030.
  • En Afrique en particulier, le bouleversement des chaines d’approvisionnement, le retard pris dans les campagnes de vaccinations, le manque de prévention, et la priorité donnée à la gestion du Covid-19 ont entraîné un recul de plusieurs années dans la lutte contre d’autres maladies graves, telles que la tuberculose, la malaria ou le VIH.
  • Sans une mobilisation massive en faveur des 235 millions de personnes dépendantes des aides internationales, l’ONU craint un désastre humanitaire inédit en 2021.

Weekly Insight #15 – Les Enjeux des Terres Rares

La demande mondiale en  terres rares  va doubler d’ici 2030, sous l’effet de la révolution digitale et la transition énergétique. La plupart des pays ignorent trop les enjeux géopolitiques et environnementaux qui leur sont liés.

Les terres rares sont utilisées dans un nombre croissant d’applications technologiques (éoliennes, smartphones, véhicules électriques, systèmes radars, etc.). Elles sont relativement abondantes dans la croûte terrestre, mais dans des concentrations exploitables bien moins importantes que pour la plupart des minéraux.

La Chine, qui produit près de 60% de la plupart d’entre eux et en raffine 80%, bénéficie d’un monopole virtuel sur ces métaux.

Il est temps pour les entreprises et gouvernements de déployer une diplomatie minérale en accord avec les enjeux des terres rares, afin de ne pas se retrouver pris au piège d’une dépendance destructrice. Des pays comme les Etats-Unis, le Japon ou l’Australie ont déjà amorcé une telle stratégie.

Weekly Insight #14 – L’émergence de la HealthTech en Afrique

L’Afrique souffre de la plus importante charge de morbidité au monde, notamment du fait d’un important manque de personnels de santé et d’équipements médicaux. Depuis 5 ans, le développement de solutions digitales innovantes de santé – la HealthTech – croît fortement pour faire face à ces manques. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accélérer la tendance.

En 2020, l’Afrique comptait plus de 180 startups dans la HealthTech, particulièrement concentrées en Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Egypte et Tunisie. Elles ont levé plus de $100 million, notamment grâce à des levées importantes de startups très prometteuses telles que mPharma54gene, ou Helium Health.

Parce qu’elles représentent une formidable opportunité pour améliorer les services de santé actuels, les Etats africains développent de plus en plus les conditions pour leur développement.

Les tendances de la HealthTech africaine pour 2021

Weekly Insight #13 – Les défis de l’hydrogène

L’hydrogène connaît un engouement sans précédent car il constitue une solution prometteuse pour décarboner un grand nombre de secteurs. Mais nous sommes encore très loin d’être en mesure de pleinement exploiter son potentiel.

  • Aujourd’hui, 99 % de l’hydrogène est produit à partir de combustibles fossiles, avec une production encore plus émettrice de carbone que l’exploitation du charbon. L’hydrogène propre (hydrogène vert et bleu), à l’inverse, offre de larges possibilités de réduction d’émissions de CO2 dans des secteurs très émetteurs, mais son développement reste confronté à des défis majeurs : les coûts de production demeurent très élevés, et sa très faible densité énergétique le rend difficile à transporter et à stocker.
  • Les prémices de la mise à l’échelle de la production ne sont pas encore là et le soutien politique est encore insuffisant pour encourager l’utilisation de l’hydrogène propre. Les prix du carbone doivent drastiquement augmenter pour permettre à l’hydrogène propre de concurrencer les combustibles fossiles et de participer à la transition énergétique de l’économie.
  • Les gouvernements et les entreprises doivent envisager l’hydrogène dans toutes ses dimensions complexes lors de l’élaboration de leurs stratégies de long terme.

Weekly Insight #12 – L’énergie nucléaire

L’énergie nucléaire assure plus de 10 % de l’approvisionnement mondial en électricité. Elle constitue la deuxième source d’énergie décarbonée la plus importante (derrière l’hydroélectricité) – la première dans les économies avancées. Ses performances environnementales, économiques et technologiques ont été prouvées et en ont fait une source d’énergie essentielle.

Alors que la production d’électricité devrait augmenter de 80 % d’ici 2050, satisfaire une telle augmentation des besoins en énergie par des sources carbonées telles que le charbon, le pétrole ou le gaz naturel, serait un véritable désastre écologique.

Pourtant, des incertitudes subsistent quant au remplacement du grand nombre de réacteurs qui devraient être mis hors service vers 2030 et au-delà, particulièrement en Europe et en Amérique du Nord. Des mesures fortes sont nécessaires pour maintenir le rôle de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique.

Weekly Insight #11 – Tendances sur la vaccination

Alors que le déploiement mondial des vaccins contre le Covid-19 commence, un état des lieux de la situation mondiale en termes de vaccination s’impose.

Le taux de vaccination a incroyablement augmenté au cours des 40 dernières années, mais une couverture vaccinale toujours incomplète entraîne chaque année la mort de plus de 1,5 million d’enfants, la plupart dans les pays à faible revenu. Cette tendance s’accentue même dans certains pays riches en raison d’une méfiance croissante à l’égard des vaccins, notamment en France et aux États-Unis.

Pourtant, les vaccins ont permis d’éradiquer ou presque plusieurs maladies mortelles. Les cas de poliomyélite paralysante ont diminué de 99 % depuis les années 1980. Le nombre de décès dus à la rougeole a diminué de 86 % depuis 1990. Et la variole a été complètement éradiquée.

Alors que le monde fait face à une pandémie d’une ampleur inédite, il ne faut pas oublier les progrès que l’humanité a réalisé grâce aux vaccins, et ce qu’il reste à faire pour que chaque personne y ait accès.

Weekly Insight #10 – Tendances Ouest-Africaines

L’Afrique de l’Ouest sera, dans quelques années, plus peuplée que l’Union Européenne, comptant plus de 520 millions d’habitants.

Le développement économique de la région sera aussi l’un des plus rapides du monde. Plusieurs pays continueront de connaître d’ici à 2030 des taux de croissance annuelle moyens de plus de 8%.

Les pays francophones seront les champions de cette croissance. Le PIB par habitant de la Côte d’Ivoire devrait augmenter de 107% de 2015 à 2030, se hissant à la première place du sous-continent, devant le Ghana. Le PIB par habitant du Sénégal dépasserait celui du Nigéria.

Ces expansions démographiques et économiques inédites représentent de formidables défis et opportunités. A côté d’une immense pauvreté qui subsistera, les classes moyennes émergentes ouest-africaines, dont les besoins éducatifs, sanitaires, énergétiques, alimentaires, ou encore technologiques sont en profonde mutation, n’attendront pas le reste du monde pour y répondre.